COP29 à Bakou : une conférence sous le signe du chaos et du manque d’ambition pour le financement climatique
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La COP29 s’est conclue récemment à Bakou, laissant derrière elle un accord médiocre (selon le ministre luxembourgeois de l’environnement Serge Wilmes « mieux vaut un mauvais accord, qu’aucun ») et beaucoup de déception. Cette édition avait pour thème central le financement climatique et la mise en œuvre du NCQG (New Collective Quantified Goal), visant à fixer des objectifs financiers ambitieux pour soutenir les efforts mondiaux d’atténuation, d’adaptation et de réparation des pertes et dommages climatiques.
Les pays développés ont accepté d’injecter « au moins » 300 milliards de dollars par an dans les pays en développement d’ici à 2035 afin de soutenir leurs efforts de lutte contre le changement climatique, ce qui a laissé les pays en développement amèrement déçus. Iels étaient uni·es pour demander aux pays développés de mobiliser 1 300 milliard de dollars par an pour le financement de la lutte contre le changement climatique.
Avant la fin des négociations, Juan Carlos Monterrey Gomez, envoyé spécial du Panama pour les questions climatiques, avait déclaré dans un discours émouvant:
« Les dépenses militaires mondiales s’élèvent à 2 500 milliards de dollars par an. Il n’est pas suffisant de dépenser 2 500 milliards de dollars pour s’entretuer, mais il est déraisonnable d’en dépenser 1 000 milliards pour sauver des vies. (…) Provoquer notre propre extinction est la chose la plus ridicule qui soit. Au moins, les dinosaures avaient un astéroïde. Quelle est notre excuse ? »
Au final, les négociateurs se sont mis d’accord sur un appel plus lâche à lever 1,3 milliard de dollars par an auprès d’un large éventail de sources, y compris les investissements privés, d’ici à 2035.
Les investissements privés posent un grand problème néanmoins, comme Votum Klima, dont CELL est membre actif, avait expliqué dans un communiqué de presse avant la COP:
« Le financement privé par les marchés financiers ayant montré ses limites, cet argent devra être mis à disposition sous forme de fonds publics, à prélever notamment sur les acteurs économiques profitant du système basé sur les énergies fossiles. Afin de ne pas renforcer le cercle vicieux de la crise de la dette et la crise climatique qui impacte les économies les plus vulnérables, ce financement devra se faire sous forme de dons et non de prêts. »
En plus de l’accord insuffisant sur le financement climatique, les pays n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la manière dont les résultats du « bilan mondial » de l’année dernière, y compris l’engagement clé d’abandonner les combustibles fossiles, devraient être mis en œuvre, renvoyant la décision à la COP30 qui se tiendra l’année prochaine au Brésil.
Le président de la COP, l’Azerbaïdjan, un pays dont les deux tiers des recettes publiques proviennent des combustibles fossiles, a dû faire face à des accusations de conflit d’intérêts et de malversations, un ministre qualifiant de « déplorable » sa façon d’accueillir la conférence.
Selon Gareth Redmond-King, de la Climate and Energy Intelligence Unit, qui était présent à Bakou : « Une présidence chaotique a donné lieu à des scènes chaotiques vendredi et samedi, avec des textes et des plénières sans cesse promis, et rarement livrés. (…) Les réunions de la journée ont été houleuses ; à un moment donné, en début de soirée, les groupes de pays des petits États insulaires et des pays les moins avancés ont quitté une réunion, frustrés que leurs arguments concernant l’affectation de fonds à ces pays, qui en ont le plus besoin, soient ignorés. Pendant un moment, le mot « walk out » a circulé partout et l’on a craint un effondrement imminent. Cependant, ils n’avaient quitté que la réunion, pas la conférence des parties. »
Il faut également remarquer que les dernières COP ont été organisées dans des pays autoritaires et économiquement dépendant des énergies fossiles, ce qui a beaucoup restreint l’accès des organisations de la société civile et les mobilisations. Nous attendons un retour à ce sujet et sur leur expérience globale par les jeunes de Youth for Climate Action et les Climate Youth Delegates et reviendrons vers vous avec leur témoignages.
Pour CELL, il est essentiel de continuer à mobiliser les citoyen·nes et les décideur·es pour renforcer ces engagements.
Pour conclure, nous souhaitons donner la parole à Nisreen Tamimi, présidente de l’Autorité palestinienne pour la qualité de l’environnement, a mis en garde contre un « écocide » après plus d’un an de bombardements israéliens à Gaza:
« La protection de l’environnement n’est pas une question accessoire, ce n’est pas une option secondaire, c’est un droit fondamental qui nous concerne tous en tant qu’êtres humains. »
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