Abeilles, bourdons, syrphes, papillons, coléoptères... sont-ils menacés de disparition ? Depuis plusieurs dizaines d’années, on observe un déclin des insectes pollinisateurs, de même que la biodiversité à l’échelle mondiale. Ce constat devrait tou.te.s nous préoccuper, car notre alimentation dépend de la pollinisation. Pourtant, il existe des solutions pour préserver ces précieux insectes et leurs habitats.
L’union internationale de conservation de la nature estime que 25% des espèces de bourdons sont menacées à l’échelle européenne. 40 % des espèces d’hyménoptères (abeilles, guêpes...) sont en déclin et pour les 60 % restant, nous n’avons tout simplement pas assez de données pour évaluer l’état de santé de leur population. Entre 1990 et 2006, on observe une diminution de 25 % du nombre d’espèces d’abeilles.
Sans les insectes, ce n’est pas seulement la quantité de ce que l’on mange qui serait affectée, mais également sa qualité. Par exemple, les pommes bien formées sont issues de fleurs bien pollinisées et présentent un taux de sucres plus élevé et donc, elles ont meilleur goût… Mais au-delà des saveurs, préserver les pollinisateurs est bel et bien une question de survie pour l’espère humaine.
Les ruches, nouvelle mode pour abeilles domestiquées
Face à cette urgence de préservation des pollinisateurs, est apparu un phénomène qui s’est largement répandu dans les champs de nos régions : des agriculteurs ont installé dans leur champs ou sous serre, des ruches contenant des colonies d’abeilles ou de bourdons. Ces pollinisateurs sont dits « domestiqués ».
Cette pratique, malheureusement, ne résout pas le problème. Une étude portant sur l’impact des insectes pollinisateurs sur différentes cultures, révèle que les pollinisateurs sauvages sont plu
s efficaces que les pollinisateurs domestiques. Et même davantage : les pollinisateurs sauvages sont tout simplement indispensables.
C’est le cas notamment pour les pastèques, les cerises, les fruits de la passion, ou encore le café. Ils est donc essentiel de préserver la diversité de pollinisateurs.
Préservation des pollinisateurs : ce que nous pouvons faire
Préservation de leurs habitats naturels
La première menace pesant sur les insectes pollinisateurs est la destruction de leurs habitats naturels. Celle-ci est directement liée à l’activité humaine : l’artificialisation des sols, la coupe des forêts et des haies, l’assèchement des zones humides… La pollution lumineuse, liée à l’urbanisation, perturbe également les déplacements et l’alimentation d
es pollinisateurs.
Ces petits animaux ont des besoins variés en terme d’habitat : sols nus sableux, tiges creuses, coquilles d’escargot, rondins de bois, nid de souris, cavité de pierres, plantes spécifiques… Mettre à disposition ces éléments est un premier pas pour soutenir les pollinisateurs. Vous pouvez les construire vous-même et parfois, il suffit même de ne rien faire en laissant des branches plutôt que de « nettoyer ».
Fleurir à nouveau nos paysages avec des espèces locales
La standardisation des milieux agricoles, des espaces verts publics et privés a progressivement amenée à la disparition de la flore sauvage (disparitions des haies, fleurs d’ornement non
adaptées, jardin de graviers…).
Plusieurs actions faciles à réaliser permette d’offrir une source de nourriture aux pollinisateurs : semis d’une prairie fleurie, plantation d’arbres et de haies, association de culture, reproduction de semences de fleurs locales et indigènes… ou tout simplement laisser les graines présentes naturellement s’exprimer.
Pratiques agricoles et de jardinage agroécologiques
Les pratiques agricoles chimiques et industrielles ne sont pas compatibles avec la biodiversité. L’utilisation de pesticides impliquent la mort des pollinisateurs. Par exemple, avec les néonicotinoïdes, les abeilles domestiques ne retrouvent pas leur ruche.
L’avenir de l’agriculture se situe dans une intensification agroécologique qui favorisera les insectes pollinisateurs, et les rendements agricoles.
A l’échelle agricole, plusieurs solutions existent : la réduction de la taille des parcelles, la sauvegarde ou la restauration d’éléments semi-naturels (haies vives et sèches, bandes enherbées, mares, prairies permanentes, cultures mixtes, rotations…)
Ces éléments sont le réacteur de la biodiversité dans un paysage agricole et sont également utiles de manière généra
le, chez soi.
Limitation des parasites, pathogènes et espèces exotiques envahissantes
Via les échanges commerciaux et voyages transcontinentaux, de nouveaux parasites, pathogènes et espèces exotiques envahissantes font leur apparition. Par exemple, le frelon asiatique est arrivé par voie maritime depuis la Chine.
L’augmentation des échanges facilite leur dissémination, avec un risque pour la faune et la flore autochtones. Une fois arrivé dans un nouvel écosystème, aucun prédateur ne permet de réguler leur population.
Repenser nos flux et relocaliser nos échanges est essentiel pour assurer la stabilité de nos écosystèmes.
Lutte contre le dérèglement climatique
Les aires naturelles sont également touchées par la disparition des pollinisateurs. Les insectes pollinisateurs ne régulent pas leur température et ne peuvent pas résister à certains pics de température. Ils ne sont pas non plus capables de faire face aux impacts des sécheresses sur la présence de fleurs.
D’autre part, le réchauffement climatique affecte également la répartition spatiale et temporelle des insectes. Les espèces animales et végétales vont se déplacer vers les pôles ou vers des altitudes plus élevées, avec des capacités de déplacement différentes en fonction des espèces. Ainsi les pollinisateurs, mobiles, pourront se déplacer rapidement, tandis que les espèces florales ne pourront pas aller si vite. Cela amènera à des désynchronisation entre des espèces interdépendantes.
Toutes les actions permettant de limiter le dérèglement climatique ont donc un effet bénéfique pour les pollinisateurs.
Actions cumulées et synergies
L’ensemble de ces perturbations a un effet multiplicateur : Leurs effets cumulés sont supérieurs à leur simple somme. Imaginez une population d’insectes subissant tous ces effets à la fois...
Mettons alors nous aussi en place des synergies d’actions pour les préserver !
Avec Polynatur, apprenez comment protéger les pollinisateurs !
Depuis début 2023, CELL coordonne un projet national de préservation des pollinisateurs : le programme Polynatur, porté par CELL et financé par le Ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement Durable vise la préservation des insectes pollinisateurs et de restauration de leurs écosystèmes. Et les citoyen.ne.s peuvent s’impliquer !
Le samedi 27 mai, rejoignez-nous po
ur une session d’identification des pollinisateurs présents dans les jardins du Luxembourg ! Nous apprendrons ensemble à reconnaître les pollinisateurs et à les soutenir à notre échelle. Lors de cette matinée, nous observerons la diversité des insectes pollinisateurs (abeilles, guêpes, syrphes...), et principalement les papillons. En lien avec le programme de recherche participative Polynatur et dans le but d’enrichir la connaissance des pollinisateurs au Luxembourg, les observations seront ensuite enregistrées sur l’application iNaturalist.lu.
Rendez-vous le samedi 27 mai, de 10 h 00 à 12 h 00, au Jardin communautaire de Käerjeng, 9, Rue de la Résistance, à Bascharage.
Cet article est inspiré du MOOC Pollinisateurs, produit et réalisé par l’Office français de la biodiversité, Réserves Naturelles de France et Tela Botanica - CC-BY (2023)
Comments