Elle s’appelle Charlotte Liguori, elle vient de Paris et a posé ses valises au Bâtiment 4 où elle est artiste en résidence depuis le mois d’avril dans le cadre du projet F.U.T.U.R.E. (Forge des Utopies Tangibles, Urbaines & Résilientes) mis en œuvre par CELL pour Esch 2022, Capitale européenne de la Culture. Charlotte expose à partir du 12 mai et jusqu’au dimanche 15 mai, une série de «portraits» réalisés tout au long de sa résidence eschoise. Intitulée «Rencontres», l’exposition retrace un moment suspendu entre les acteurs du Bâtiment 4 et cette artiste aussi discrète que bienveillante.
Ne cherchez pas des visages sur ses "portraits". Le réalisme, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé. Son truc à celle, c’est l’art abstrait. Et cela, depuis toute petite. Alors, quand il s’agit de dresser le portrait d’une personne, Charlotte Liguori préfère exprimer sur papier des émotions qui flirtent avec l’intuition, plutôt que d’aller chercher une quelconque forme de ressemblance physique. « Ce qui m’intéresse, c’est d’aller au-delà des traits physiques ou de l’identité socio-professionnelle que notre société veut mettre en avant », explique la jeune artiste actuellement en résidence au Bâtiment 4 dans le cadre du projet F.U.T.U.R.E de CELL.
« La rencontre, c'est la surprise, l'inattendu»
Armée de ses fusains, de ses encres ou d’un simple stylo, Charlotte est allée à la rencontre des acteurs des différents projets en cours au sein de la joyeuse fourmilière que constitue le Bâtiment 4. Mais au début, les choses ne se sont pas vraiment passées comme prévu. Rapidement, l’artiste s’est retrouvée confrontée à un problème qu’elle n’avait pas anticipé : le manque de temps de ses « modèles » ! « Au Bâtiment 4, les gens sont engagés à fond dans leur projet, ils n’ont pas le temps… J’ai dû revoir un peu mon approche que je voulais spontanée et me résoudre à prendre quelques rendez-vous… mais au final, la spontanéité et la sincérité que je recherchais dans la rencontre sont quand même bien là. »
Salomé, Pasko, Marine, Martin… au total, dix-sept personnes se sont prêtées au jeu de la rencontre pour donner naissance à une série de « portraits » sous forme de dessins et de poésies. « Le choix de l’outil se fait en fonction des émotions ressenties lors de la rencontre - de la douceur, de la lenteur, de l’agressivité, de la douleur… », explique Charlotte. Courbes douces, traits saillants, ou pointillés… expriment le ressenti sans filtre de l’artiste au moment « M ». La rencontre, « c’est la surprise, l’inattendu». Alors parfois, les personnes ne se reconnaissent pas dans leur « portrait », ce dont Charlotte s’amuse. « J’ai entendu des réactions d’effroi, du genre C’est moi ça !? »
Exemple de portrait abstrait et de récit - "Rencontres" par Charlotte Liguori :
« Avec toi même les ombres ont des couleurs.
Et elles dansent en disant qu'il faut bien peu d'audace pour attirer le charme jusque sur ton sourire. Il y a cinq minutes nous ne nous connaissions pas.
Directement je te tutoie, sans barrière, j'ai six ans quand j'écris.
Au milieu de la salle, ce soir, il y a des airs de récréation, et à six ans quand sonne l'heure de la récréer on réinvente le monde tout entier.
Une artiste engagée en faveur des relations humaine
Charlotte n’a pas toujours été une artiste engagée - du moins, consciemment. C’est en 2020, pendant le confinement imposé par les autorités pour faire barrière à la pandémie, que l’artiste a commencé à exercer dans l’espace public. Au lieu de constituer un frein, le confinement a agi en véritable catalyseur pour cette artiste à l’âme voyageuse éprise de liberté. « On ne pouvait plus se parler, ni sortir, les lieux culturels étaient fermés… Tout ce qu’on nous proposait, c’était des relations par écran interposé. J’avais besoin d’exploser! Alors, j’ai mis ce temps à profit pour dessiner et écrire.»
Autorisée à sortir de chez elle quelques heures par jour pour animer des ateliers artistiques auprès des enfants, Charlotte profite de ces rares instants de liberté pour glisser en douce de petits écrits poétiques dans les pochettes des Vélib… une fine espièglerie qui a donné naissance à une artiste engagée, bien décidée à mettre son art au service de la relation humaine. Ce qu’elle continue de faire aujourd’hui à travers les « Rencontres ».
Coordinatrice du projet F.U.T.U.R.E. de CELL, qui propose au public un programme culturel autour de la « Piazza de la transition » avec des artistes en résidence jusqu’au mois de juin 2022, Marine Henry a tout de suite pensé à Charlotte, amie de longue date rencontrée sur les bancs des Beaux-Arts de Toulouse, pour réaliser ce projet. « Charlotte avait déjà montré ses talents d’artiste engagée à travers son projet « Traces ». Je lui ai donné carte blanche avec l’idée de mettre en lumière la communauté formée par les personnes qui travaillent ici, et c’est comme ça qu’est né « Rencontres ». Des rencontres qui se poursuivront jusqu’au dimanche 15 mai. Et certainement au-delà.
Exposition « Rencontres », Charlotte Liguori, au Bâtiment IV, Domaine Schlassgoart à Esch-sur-Alzette, à partir du jeudi 12 mai et jusqu’au dimanche 15 mai 2022, de 14h à 18 heures.
Les personnes qui souhaitent acquérir un portrait poétique et abstrait réalisé par Charlotte Liguori durant sa résidence, pourront le faire au moment du finissage de l’exposition, le dimanche 15 mai à partir de 18 heures. Cela se fera sous forme de troc, d’échange: contre de l’argent, ou des biens matériaux, des denrées, des tickets restaurants, des livres, des services... Ce système donne à la rencontre une valeur qui va au-delà de l’argent, et fait fonctionner une économie circulaire, pour mettre en avant les relations humaines.
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Infos : Page Facebook de F.U.T.U.R.E. Page Instagram de F.U.T.U.R.E. Page Instagram de Charlotte Liguori
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