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Retour sur le Resilience Café No. 1: An Introduction to Resilience


Graphic recording par Caroline de Ocean Visual

Le premier résilience café a eu lieu vendredi 3 avril à 19h30 en ligne à l’aide du logiciel Zoom. Les résiliences café sont un espace où avancer ensemble sur la question de la résilience dans toutes ses acceptions, tant elle est et sera nécessaire à surmonter cette crise.


Ce premier événement était l’occasion de définir un peu mieux le concept de résilience pour poser les bases de ce cycle de discussion.


L’invitée de cette première édition était la docteure Katy Fox, qui a offert un exposé introductif pour cadrer les débats. Cette présentation complète est disponible ici, sur la chaîne du CELL (Centre for Ecological Learning Luxembourg).


Le concept de résilience est sur toutes les lèvres. C’est pourquoi nous avons tenu à le discuter lors de ce premier résilience café.


Dans sa définition usuelle, la résilience est la capacité de revenir à sa forme initiale après un choc ou une modification.


Mais dans le cadre actuel, est-ce la définition la plus pertinente ? Est-ce que nous voulons que nos sociétés reviennent à leur état d’avant la crise ?


La réponse est plutôt négative. La résilience peut alors être pensée comme la capacité de questionner les limites, comme une manière d’évoluer en réponse à un choc pour améliorer…. Elle représente une manière d’envisager le changement.


Nous vivons dans un monde volatile, incertain, complexe et ambigu (désigné en anglais par l’acronyme VUCA). La question autour de laquelle nous voulons échanger désormais est : comment la résilience est-elle possible dans un tel monde ?


Après l’exposé introductif, les participant·es ont été divisé·es en plusieurs salles de discussion selon leurs préférences linguistiques.


Elles et ils ont été invité·es à discuter autour de 3 questions :

  • Quelles réponses sont nécessaires au niveau institutionnel et politique?

  • Que pouvons-nous faire à un niveau individuel ?

  • Que pouvons-nous faire en tant que communautés, à un niveau collectif ?

Les discussions portant sur le niveau politique ont été fructueuses, montrant un vrai investissement de la part des citoyen·nes. Alors, quelles réponses sont nécessaires au niveau institutionnel et politique ?


La vie politique, au Luxembourg et dans le monde, a besoin d’une réelle participation citoyenne : le débat existe mais le besoin d’une réelle mise en oeuvre se fait ressentir, une mise en oeuvre qui irait plus loin qu’une simple consultation. En Belgique germanophone par exemple, il existe un conseil citoyen composé de personnes tirées au sort, et ce conseil a une réelle influence sur les décisions locales. Mais les conseils citoyens ne sont pas la seule manière pour les citoyen·nes de participer au processus : une demande de soutien et de considération pour les mouvements (transition network, extinction rebellion, youth for climate…) se fait aussi sentir. La société a une intelligence collective qui ne demande qu’à être utilisée, et les citoyen·nes ne demandent qu’à participer au processus décisionnel politique.



Au niveau européen, un vrai rôle des mouvements citoyens et des chercheurs se montre nécessaire, et pas simplement un rôle consultatif. Une recherche indépendante, avec des objectifs à long terme et non axée sur la rentabilité, est indispensable dans tous les domaines et nous en voyons l’application aujourd’hui avec la médecine.


Pour atteindre un fonctionnement basé sur l’intelligence collective, nous avons besoin de citoyen·nes éclairé·es, ayant un libre accès aux enjeux des décisions politiques, aux données nécessaires à leur appréhension, à l’inverse de ce qui s’est passé ces dernières années avec de nombreuses privatisations des secteurs publics essentiels en Europe. On pense bien sûr particulièrement à l’hôpital et aux graves dysfonctionnements causés par les privatisations et les budgets réduits en Europe, mais aussi au frein causé dans la solidarité des imprimeurs 3D par les brevets déposés sur certaines pièces de respirateurs en Italie.


Il semble indispensable que cette crise engendre une remise en question et certainement pas un recul des droits des salarié·es ni des droits en général ou une continuité de la politique pré-coronavirus. C’est le moment de poser la question du revenu universel, mais aussi d’améliorer les droits des salarié·es en termes d’horaires, de protection juridique, de télétravail mais aussi leur information sur ces droits. Beaucoup de groupes ont discuté de réduction du temps de travail, d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, de souplesse dans les horaires…

Nous avons vu ces dernières semaines que des changements politiques radicaux et très rapides sont possibles.


Au niveau individuel, nous pouvons aussi agir de manière résiliente face à la situation. Consommer moins, faire soi-même, se rapprocher si on le peut du potager et de la nature ou encore profiter de cette pause imposée pour prendre soin de soi. Chacun·e vit différemment cette période, entre peur, ennui, sentiment d’inutilité ou d’être débordé·e… il y a autant de manières de vivre la situation actuelle qu’il y a d’individus.


Même sans être en première ligne et en restant confiné·e, il est possible d’agir. La solidarité locale est de mise : proposer à ses voisin·es de l’aide pour les courses, organiser un réseau de prêt d’objets (en toute prudence!), coudre des masques pour ses proches ou les personnes en première ligne.

On peut toujours s’engager même si on ne peut pas ou peu se déplacer : coopératives diverses, ateliers de réflexion, échanges et lectures pour affirmer ses réflexions… les individus ont du pouvoir et nous le voyons aujourd’hui avec des initiatives d’individus qui soutiennent les efforts nécessaires quand les gouvernements n’ont pas la volonté ou pas les moyens d’agir : fabrication de pièces en 3D, couture de masques et de protections pour les soignants et malades, mise en place de jardins…

Il est plus important que jamais de rappeler que les injonctions à la perfection n’ont pas d’intérêt. Le self-care, c’est surtout faire ce qui vous fait du bien en ce moment et certainement pas ce que vous “devriez” faire.


La question qui a le plus suscité d’échanges est celle de notre résilience en tant que collectif. Comment pouvons-nous adresser ce sujet ?


Une des premières réponses consiste à conserver la solidarité que nous expérimentons ces temps-ci inscrite dans nos quotidiens après la crise. Tirons des leçons des modes de fonctionnement que nous avons inventés pendant la pandémie, mais aussi et surtout des choses qui n’ont pas fonctionné.

Le Luxembourg est un des pays qui pollue le plus au monde. Nous devons mesurer l’impact que notre économie a sur les autres pays : par exemple, l’arrêt brutal de la consommation de fast fashion ici a des conséquences dramatiques au Bangladesh où de nombreuses personnes ont perdu leur travail. Au niveau collectif, il est possible de montrer l’impact de notre consommation et de son arrêt soudain. Nous pouvons utiliser le boycott ou la pression publique pour obtenir des avancées sociales ou écologiques auprès des marques directement (par exemple faire payer ses commandes au Bangladesh à une enseigne de fast fashion).


Il faut prendre également conscience que les personnes qui sont aujourd’hui en première ligne et dont la société ne peut pas se passer sont en majorité peu payées et considérées.


Même en confinement nous pouvons nous engager, échanger (participer à des rencontres comme les résilience cafés mais aussi comme de nombreux open spaces, festivals et conférences en ligne). La fin des manifestations physiques n’est pas la fin des mobilisations : partager l’information, communiquer sur les réseaux, afficher à sa fenêtre… Les discours portant sur la relocalisation sont toujours délicats et il convient de porter une attention toute particulière à la récupération de nos discours : certains partis politiques et groupement confondent résilience locale et nationalisme alors que la résilience alimentaire passe par une relocalisation maximale de la production.


En tant qu’organisation, nous pouvons faire au mieux pour offrir des ressources de qualité, ouvertes au plus grand nombre et prenant en compte les nouvelles contraintes du moment.


La réflexion collective sur nos modes d’habitation émerge également. Les communautés et habitats collectifs sont une piste à explorer, les jardins communautaires et les groupes d’échange alimentaire locaux pour une résilience alimentaire…


Le modèle de société défendu dans la Transition est plus pertinent que jamais pour des sociétés résilientes. Ce premier résilience café ouvrait la voie à toute une série d’échanges sur le sujet qui s’étaleront sur la durée du confinement au moins.


Le prochain résilience café aura lieu le jeudi 16 avril de 17h30 à 19h sur Zoom. Il portera sur l’alimentation et sera introduit par Rachel Reckinger, chercheuse des pratiques alimentaires durables à l’Université de Luxembourg. Pour y participer, connectez-vous !


Résumé de Marine Henry

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